Non classé

Pleure, tu pisseras moins…..

larme

Quel titre merdique. Et pourtant c’est une phrase que j’entendais quand j’étais petite. Lorsque je me faisais mal, lorsque j’avais peur que je pleurais cette phrase je l’ai entendue et je le trouvais si moche qu’après j’ai arrêté de pleurer. Je me suis enfermée dans une bulle rapidement, à ne plus montrer mes sentiments, je voulais passer inaperçue le plus possible. Ça devenait difficile quand à 15 ans tu fais 1M80. Alors justement la jeune fille de 1M80 s’enfermait dans des vêtements très basiques, ne bronchait pas.J’étais avec le père de ma fille déjà, mais je continuais à être le plus neutre possible dans ma façon d’être. J’étais sa copine, pour ses potes j’étais sa copine avec qui je m’entendais bien.
Il m’a quitté pour une autre quand j’étais grandement enceinte, j’ai pleuré 1 heure je crois, je n’avais pas le droit de pleurer, je devenais maman une dizaine de semaines plus tard. Je venais de perdre ma grand-mère paternelle, je ne montrais rien.
Puis quand ma fille avait presque 3 mois, ma grand-mère maternelle est décédée à son tour. Et là mon armure s’est cassée, j’ai pleuré sans cesse, je suis allée la voir pendant les 5 jours précédents son enterrement à la morgue, je voulais rester avec elle. J’ai pleuré mais tellement pleuré, je perdais celle qui m’avait élevée avec tout son amour, celle avec qui je partais en vacances. J’ai perdu 8 kilos en 10 jours tellement j’étais triste, je ne m’alimentais plus, je ne buvais qu’un verre d’eau par jour. Ce fut le premier gros choc, la première fois où mon armure volait en éclats.
Puis 6 mois pile après mon grand-père maternel décédait à son tour, je m’y attendais, j’ai pleuré aussi mais un peu moins, pas que ma peine était moins grande mais on savait qu’il allait suivre donc je crois que mentalement je m’étais un peu préparée.
Il y a presque 7 ans, j’ai perdu mon père, une partie de moi est partie, mon père si souvent absent dans la vie de la petite fille que j’avais été puis totalement absent après mais pourtant je perdais une partie de moi. Je savais depuis presque 3 semaines qu’il allait mourir, je l’avais vu il me l’avait dit. Je devais le revoir et je n’ai pas eu le temps. Cette armure a une nouvelle fois volé en éclats. Et là depuis cette armure s’est brisée, celle qui n’avait jamais pleuré pour un film au cinéma ou à la télé devint une femme à pleurer dès que ça devenait émouvant.
Puis il y a une séparation il y a presque 3 ans, la séparation de ma vie qui m’a fait mal à en crever. J’ai pleuré longuement, des semaines à pleurer et ce jour de juin 2012 mon armure s’est brisée à jamais.
Depuis j’ai perdu une amie qui est décédée, une autre connue grâce au grand amour a décidé de partir (seule elle en connait les raisons),  d’autres personnes proches sont parties également à tout jamais pour l’au-delà.Et je ne sais pas ne plus pleurer. Parfois je pense à eux, parfois je pense à cet amour perdu, aux chemins de la vie qui séparent des amis, à mon fils malade et je pleure.
J’aimerai tellement reconstruire cette armure, avoir cette force que j’avais enfant pour ne plus pleurer, cacher qui je suis réellement. Mais ça je ne sais plus faire, alors oui des gens m’ont vu pleurer sur twitter ou ailleurs mais c’est aussi pour moi cette façon d’évacuer. Je pense que l’adolescente forte que j’étais par la force des choses a oublié de me léguer cette force, cette armure pour que je ne pleure plus.
Je suis devenue trop émotionnelle à mon goût, c’est peut-être avec les épreuves de la vie que je suis devenue comme ça, mais j’aimerai trouver cette recette réussie jeune, pour ne plus rien montrer. Alors quand l’émotion déborde et Dieu sait qu’elle déborde trop souvent, trop vite sans crier gare, je me terre, et surtout j’essaie de sourire devant mes enfants et c’est la nuit que j’ouvre les vannes car la pression lacrymale est trop forte.
Le lendemain je sais que je ressemble à un lapin russe albinos plus qu’à un être humain et pourtant les vannes ont besoin d’être vidées. Pas toujours simple. Pleure, tu pisseras moins….

10 réflexions au sujet de “Pleure, tu pisseras moins…..”

  1. Pleurer c’est une soupape de sécurité ! C’est ce qui fait relâcher la pression et permet de remettre son armure. Pleurer c’est pas une faiblesse, bien au contraire !!! Des bisous ma belle :-*

    J’aime

  2. Ça me parle beaucoup cet article. Petite mon frère m’appelait « je pleure ». A juste titre j’aurais envie de dire, je chouinais pour un rien. Il m’a aidé à m’endurcir sans le savoir. Petit à petit ce côté Roc m’a desservi. Je n’avais pas besoin d’être protégée ou ménagée. Pour tous je pouvais encaisser… Totalement faux mais ça arrangeait tout le monde de le penser! Jusqu’au jour où ca a commencé à me desservir dans ma vie professionnelle, une de mes responsables m’a encouragée à faire une formation en lien avec les émotions. Une des phrases que me répétait le coach etait « tu n’es pas un mur. Quand on te pousse, tu tombes ». J’y pense souvent, surtout quand au boulot il me prend l’envie d’encaisser sans broncher certaines situations. Évidemment ça n’a pas été miraculeux ni instantané. Parfois je serre les dents plus qu’il ne faudrait, mais j’ai surtout appris, petit à petit, qu’entre les pleurs et le néant il y avait un tas d’émotions à apprivoiser. De ce que tu décris, la vie t’a beaucoup bousculée et tu n’as pas réagi tant que ça. Il fallait bien que ca sorte un jour ou l’autre… Tu tombes mais tu te relèveras. En attendant, il faut que ca sorte…

    J’aime

Ajoutez votre grain de sel

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.