Je n’avais jamais réalisé à quel point on nous assimile à nos parents. On est souvent la fille de ou le fils de, pour les amis des parents, les commerçants, les collègues des parents etc… Sauf que je n’avais jamais réalisé l’impact que ça pouvait avoir, les conséquences sur soi et sur l’estime de soi.
Bon je suis la fille d’un grand chirurgien lyonnais, les gens ont une admiration sans faille pour mon père. C’est très très bien en soi. Sauf que moi je connais mon père sous un autre angle et je ne vois pas cet homme comme formidable, oui un formidable chirurgien mais je vois l’homme tout autrement car je l’ai côtoyé de près, que ça m’a touché moi.Ma mère elle c’est une battante, elle a affronté des tempêtes et a été forte souvent. Je l’ai été moi aussi, différemment d’elle sans doute. Quand j’ai commencé à être pas bien il y a quelques semaines, que j’ai été hospitalisée en urgences après être tombée dans les pommes plusieurs reprises à l’UHCD. Le chef de service est venu me voir en me disant mais votre nom m’est familier, vous êtes de la famille du Dr Philippe M celui de la coelioscopie? Oui je suis sa fille. Et là tous les éloges sur mon père… Je me suis sentie la fille de, pas Maud la malade….. Comme quand j’ai reçu le livre sur mon père, on m’a mis pour Maud M, la fille d’un grand Monsieur…. Oui je suis Maud M et pas que la fille de ce grand monsieur.
Puis quand j’ai rencontré un ami des parents cardiologue car je devais faire un examen cardio, il a bien vu que ça n’allait pas trop fort. Il m’a dit regarde ta mère, elle a traversé aussi des trucs durs, elle s’est est sortie tu dois te battre. Oui bien sûr que je dois me battre, bien sûr que oui, je ne vais pas laisser la vie me filer entre les doigts. Sauf que je suis moi, je suis Maud, je ne veux pas qu’on me compare sans arrêt aux parents. Je pense être bien différente d’eux, même si j’ai des similitudes avec eux, mais je suis un être humain à part entière, je ne suis pas que la fille de, comme je ne suis pas que la mère de… Je ne dénigre personne, bien au contraire. Mes parents ont fait de bonnes choses.
Ce qui me gêne dans le fait de dire/d’entendre fille de ou fils de, c’est que j’ai l’impression d’une question d’appartenance. Sauf qu’on appartient nullement à ses parents, on appartient qu’à soi même. Je suis juste Maud 41 ans, avec des failles, des fêlures, des choses négatives mais aussi des choses bien je pense. Je ne crois pas démériter, je pense que je me bats comme une lionne depuis des années, que la vie me fout de belles claques dans la figure. Pourquoi a-t-on toujours ce besoin de comparer les gens, de les mettre d’une certaine façon en compétition. Alors que je crois qu’on fait tous ce qu’on peut, qu’on a tous des failles, des choses bien. Si on laissait les gens être eux, plutôt que d’être la fille de ou le fils de….
On est les enfants de nos parents. On est notre diplôme, notre job, ou notre employeur. On est la première impression qu’on donne. On est la réputation qui nous précède. On est parfois aussi les parents de nos enfants (genre quand on est convoqué par la gentille institutrice, ou qu’on organise un gentil anniversaire). On est toutes sortes d’étiquettes qu’on nous colle, parfois à la clouteuse. On est toutes sortes de raccourcis, qui tient en quelques mots, en moins d’un tweet.
Rien de plus.
C’est usant.
Tu as raison, c’est usant.
« You’re not your job. You’re not how much money you have in the bank. You’re not the car you drive. You’re not the contents of your wallet. You’re not your fucking khakis. You’re the all-singing, all-dancing crap of the world. » (Tyler Durden)
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je crois que toi et moi on se comprend bcp….. Et là je suis comme usée, vidée, épuisée…..
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Pas mieux. Je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Ou alors, je comprends trop bien et je n’arrive pas à l’admettre.
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Une de mes amies me disait récemment qu’elle ne se sentait pas exister. Elle me disait que personne ne l’appelait par son prénom, que tous les jours elle était la femme de…, la maman de…
Et que ça devenait difficile à vivre.
Je comprends.
Les gens ne se rendent pas compte de l’impact de leurs mots. Ils associent sans voir la personne pour ce qu’elle est, un être indépendant de sa famille, de son conjoint, de ses enfants.
Continue à écrire, tout ce que tu lâches tu ne le gardes pas en toi…
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Tu vois ça va exactement dans le même sens que ce que je ressens. C’est usant je trouve. Ici c’est pareil je suis la maman de Lisa, Giacomo, Paolo. Je suis la fille de ce grand chirurgien, la fille de ma mère si battante ….. Mais je veux exister par moi même avant tout.
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#JeSuisRien
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Il faut parfois se faire violence pour se faire sa place. Compliqué mais envisageable.
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C’est très faisable. Je l’ai déjà fait. Mais ces derniers temps, plus envie. Plus la possibilité. Plus rien ne semble possible.
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Pas simple de trouver sa place… de trouver ou de faire sa place…
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