Billets d'humeur/ Billets d'humour/ Billet d'amour, Moi et rien d'autre

Quand le corps ne suit plus la tête…

woman-2609115_960_720.jpgVoilà un an que j’ai fait mon stress post-traumatique…. Je ne sais pas en fait comment dire, j’ai fait un stress post-traumatique, que je vis avec un stress post-traumatique. Tout est si bien que ça fait un an que je m’emmerde avec ça et que j’emmerde les autres. Au début j’ai entendu dire les gens c’est de la dépression ou d’autres de me remuer car tout était dans ma tête et que je pouvais m’en sortir en me remuant. Bien sur que j’ai voulu croire ce que me disaient les gens, bien sur que moi aussi je me suis mise à penser que je faisais une dépression suite à une séparation à laquelle je me refusais de penser,  bien sûr que je me disais c’est dans ma tête tout cela je me remuais toujours plus, plus une seconde à rester immobile, fallait que je sois en mouvement perpétuel tout le mois de septembre dernier, alors que j’avais mal aux côtes, aux dorsales, aux lombaires et aux cervicale suite à l’accident d’août 2017.  Je voyais bien que les angoisses revenaient, grandissaient et surtout que les symptômes d’angoisses où j’avais l’impression de crever se faisaient de plus en plus fréquents mais je voulais pas, je ne voulais pas que mon corps cède, je ne voulais pas céder à tout cela je me le refusais….

Et puis un jour en octobre 2018 le corps n’a plus voulu suivre cette folie dans laquelle mon esprit l’emmenait, la folie du mouvement permanent, un jour mon corps a dit stop, j’ai fait un malaise, puis un second malaise quelques jours plus tard, j’ai mis ça sur de la fatigue mais j’ai continué à ne rien écouter. J’ai continué d’être toujours sur le qui vive, à remuer en permanence comme si j’avais besoin de ça pour me sentir en vie. Quelques jours plus tard alors que je venais de poser mon fils chez les pompiers avec ma mère, elle me dit tu as un air fatigué alors je vais garder Paolo et j’ai dit oui alors que je voulais garder mon fils mais je sentais que c’était le moment de lui laisser. Je suis sortie de la voiture en bas de chez moi, j’avais des sensations bizarres, j’ai regardé ma mère et mon fils en leur faisant un coucou de la main mais ce fut un effort surhumain, j’ai ouvert la porte du bas, puis suis allée faire le code du portail, j’ai monté les escaliers, j’avais le coeur qui battait la chamade, arrivée devant ma porte je tremblais tout ce que je savais je me sentais vraiment mal, j’ai ouvert ma porte puis je l’ai fermée j’ai avancé de quelques pas et là pas eu temps de dire ouf je me suis réveillée allongée au sol, je me suis relevée et quelques secondes plus tard rebelote, puis j’ai voulu aller jusqu’à mon lit et ce fut un effort sur-humain la tête me tournait, mon coeur s’emballait. Je me suis allongée à l’arrache en mettant mes jambes hors du lit sur le tabouret je me sentais partir cette fois, comme si mon cerveau s’endormait par partie, je me disais maud il faut vivre, il faut que tu respires, ça a duré 10 secondes 50 secondes 10 minutes impossible à dire.

J’ai eu peur de me relever, ma mère j’ai essayé de la rappeler elle ne répondait pas, j’ai entendu du bruit dans le couloir, je me suis trainée jusqu’à ma porte j’ai ouvert et appelé au secours, mes voisins du haut sont venus ont appelé immédiatement le 15 qui a dit m’envoyer sos médecins. Le Doc est arrivé une heure plus tard, les voisins étaient là, je faisais des malaises sans arrêt, ils ont été là à veiller sur moi. Le médecin m’a dit qu’il ne voulait pas me laisser ainsi, j’ai été transférée à l’hosto par ambulance envoyée par le SAMU. Des examens à gogo, durant plus de 24h, prises de sang, tension prise plein de fois couchée, assise, debout,, debout au bout d’une minute, de trois minutes, de cinq minutes tests neurologiques….  Je suis sortie au bout de plus de 24h sans vrai verdict, il m’a dit il vous faut du repos, si ça ne va pas vous revenez.

Je suis rentrée chez moi, j’avais les enfants, l’angoisse est montée au fil des jours, j’avais plus cette force pour me sentir vivante de bouger, je ne voulais plus rester seule j’avais peur qu’il m’arrive quelque chose et que je sois seule, j’avais peur de ne jamais revoir mes 3 enfants, j’avais peur de tout de rien, du vide, du trop plein, d bruit, du silence, mon corps refusait de me suivre dans ce besoin de mouvement permanent pour me sentir en vie. J’étais léthargique, je passais mes journées entourée, je n’arrivais plus à rester seule, le monde m’angoissait mais je n’avais plus d’autres choix que de faire appel à de l’aide pour ne plus devoir rester seule, je ne m’alimentais pas beaucoup, tout me donnait la nausée. Les angoisses se succédaient, les petites qui traversaient mon esprit à la vitesse d’un train qui passe devant les yeux à celles qui duraient le temps d’une récréation d’école primaire jusqu’à celle qui pouvaient durer des heures ou l’impression de crever était là, je n’arrivais pas relativiser, à devenir de nouveau rationnelle, les symptômes physiques étaient là , souvent trop souvent.

Des peurs se sont rajoutées à cela, cette peur de rester seule puis s’est rajoutée cette peur de m’endormir, puis celle d’être en hauteur, celle se sortir de chez moi, de rester seule dans une voiture, celle des crissements de pneus, de klaxons. Ma vie devenait un enfer mon corps me criait en permanence que j’étais en danger de partout et que j’allais mourir (tous les symptômes liés à l’angoisse sont physiques et très éprouvants). Puis j’ai fait une crise d’angoisse dans la voiture de ma mère dans Lyon, j’étais seule je l’attendais, j’ai fait appel à un monsieur dans la rue qui a appelé les pompiers alors que je savais que c’était juste une crise d’angoisse…. j’avais juste besoin qu’on me parle, les pompiers sont vite arrivés, ils me connaissaient puisque je suis la maman d’un JSP (jeune sapeur pompier) et ils m’ont reconnus et de plus l’un d’entre eux m’avait transporté lors de l’accident de voiture que j’avais eu un mois 1/2 plus tôt. Ils m’ont pris la tension, je leur ai dit que je savais exactement ce que j’avais, ils ont été rassurants, bienveillants, jusqu’à l’arrivée de ma mère. Le soir même je cherchais le numéro d’un psychologue pour m’aider car je voyais que je n’y arrivais pas toute seule, que mon mental fléchissait et que mon corps ne voulait plus rien savoir.

Ce fut une démarche difficile pour moi qui me croyais invincible que d’appeler une aide extérieure à mon entourage, je m’étais sortie de tellement de merdes, de tellement de saloperies de santé aussi que j’avais cette naïveté de me dire que j’allais encore m’en sortir.  J’ai donc composé le numéro,  ça a sonné une fois il a répondu de suite, j’ai expliqué en quelques mots ce que j’avais qu’il me fallait de l’aide car j’avais l’impression de crever à chaque instant et pour la première fois j’ai craqué devant (enfin au téléphone)) un inconnu ce que je m’étais toujours refusé de faire jusqu’alors. Lorsque j’avais cherché le numéro d’un psychologue je le voulais près de chez moi mais vraiment près pour ne pas devoir faire des longues marches pour y aller, j’en étais incapable. Il m’a dit que son cabinet est au 5ème j’ai dit ce n’est pas possible pour moi j’ai peur du vide, peur des étages et il m’a dit je viendrais vous voir à domicile alors.  Voilà 11 mois que je suis une psychothérapie, je suis aussi aidée par des antidépresseurs qui aident à gérer le stress post-traumatique.

Et un an après où j’en suis?  Honnêtement je suis frustrée car j’ai encore plein de phobies dont de nouvelles, mais d’autres disparaissent, je poursuis ma psychothérapie, je vais voir un psychologue qui pratique l’EMDR pour voir si ça peut fonctionner sur moi, j’ai  un nouveau psychiatre qui me suit depuis le mois d’août, j’ai de vraies personnes soignantes et bienveillantes autour de moi, j’ai « trouvé » ce qu’il me fallait vraiment. Pour être franche je vis depuis un an avec ce stress post-traumatique, rester seule longtemps m’angoisse encore beaucoup, ma vie est toute organisée, toute réglée, tout est noté, il y a des cases pour tout, j’aime pas quand quelque chose sort de mes cases. Par exemple j’ai un rendez-vous à telle heure, la personne arrive en retard de 10 minutes je gère mais quand c’est de 45 minutes c’est un état de panique qui m’habite, je sais que tout ce que j’ai organisé dans ma tête pour ma journée est remis en question. Alors oui je vais mieux qu’il y a un an, j’apprends de nouveau à me sociabiliser,  à m’adapter aux gens, à rester seule quelques plages horaires, à être dehors, à marcher dans la rue, à aller dans les magasins, à me faire violence pour certaines choses même si c’est encore compliqué.  Honnêtement dans mes écrits d’il y a un an, j’ai beaucoup minimisé l’enfer que je vivais, j’avais envie de donner l’image de la Maud bien plus forte (même si beaucoup de faiblesses apparaissaient) mais j’ai évoqué que le minimum, j’ai pas voulu vraiment évoquer l’enfer dans lequel je suis enfermée et un an après je me dis qu’il est temps que ça sorte. Si j’y arrive aujourd’hui c’est que j’ai pris du recul, que ça va mieux même si je suis handicapée encore aujourd’hui par beaucoup de choses. Je me suis cachée par peur du jugement des autres, aujourd’hui le jugement des autres je dois m’en foutre.  C’est comme les autres me voient qui m’importe et c’est à moi de faire un travail sur cela et c’est un premier pas dans ce sens là que je fais en écrivant, le jugement doit me passer au dessus, je ne dois plus me cacher derrière un masque, je n’ai pas à avoir honte d’être ainsi.  Plus rien n’est comparable dans ma vie avec celle d’il y a un an, comme celle d’il y a un an n’avait rien de comparable avec celle un an avant. Tout est en mouvement permanent, mon corps réapprend à vivre. Mon mental essaie de gérer les crises quand elles sont là, à devenir un peu plus rationnel, à me dire que non je ne vais pas mourir, ça me marche pas encore toujours très bien. Mon corps et mon esprit marchent de nouveau main dans la main, je me fais violence pour aller vers les autres de nouveau ça me demande un effort physique et psychique incroyable, j’ai fait le ménage dans ma vie, j’ai jeté des tonnes de trucs du passé, j’ai encore des sacs à vider par la parole dont certaines qui sont scellés encore, je n’arrive pas à couper les liens pour lâcher les mots (les maux aussi). Je suis consciente que la vie n’est pas figée, que juste la mort m’empêchera de faire des choses, de lire, de rire, de pleurer, de manger, de dormir, de cuisiner, de boire un chocolat chaud à 4h du matin, de tellement de choses. Mon corps reprend vie, mon esprit a plus que jamais envie de vivre, j’ai fait l’analyse de plein de choses, ces peurs ce stress post-traumatique sont des appels à la vie permanent, je n’ai pas envie de mourir même si 1000 fois j’ai dit vouloir arrêter je ne peux pas j’ai encore trop de choses à faire ici bas,  c’est en fait juste une envie d’arrêter de souffrir parfois physiquement parfois mentalement, je veux juste que la souffrance s’arrête rien de plus. Et puis de toutes façons je me suis rendue compte d’une chose avec ce stress post-traumatique c’est que toutes mes angoisses sont liées de plus ou moins loin à la mort et que j’en ai une peur monstrueuse. Alors oui je peux être de nouveau malade, très malade, je peux avoir toutes les peines du monde je vais encore vivre tant que mon corps et mon corps le pourront je vais me battre pour accomplir encore des milliers de choses. Le corps suivra de nouveau correctement dans un avenir plus ou moins proche.

6 réflexions au sujet de “Quand le corps ne suit plus la tête…”

  1. Oh….je suis très touchée par ton témoignage…tu as bien progressé et c’est « normal » que d’autres phobies arrivent lorsque d’autres cèdent et s’en vont. C’est signe que çà bosse, que çà bouge. C’est très long mais tu vas y arriver. Gros bisous. Tu peux me mailer si tu veux.💖

    J’aime

  2. 💙💙💙💙💙💖💖💖💖💖
    Tu es forte mais même les forts peuvent craquer …. tu va y arriver ….mais en effet c’est long…. moi je suis obligée de reprendre ….car je suis hors service psychiquement et physiquement. …..j’ai de nouveau la haine contre cette s… de maladie et ces conséquences. ….enfin bref je vais pas venir m’epancher ici….
    je te fais de gros bisous

    J’aime

  3. Ma psy me disait qu’on se jamais quel combat est vécu par les personnes que l’on croise.
    Je crois que le tiens est assez virulent mais on te souhaite que tu finisses par te retrouver!

    J’aime

Ajoutez votre grain de sel

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.