Ceci est un billet perso, nous sommes dimanche j’écris un billet qui sera publié dans la semaine à venir… J’avais dit que j’en ferais moins mais de temps en temps quand même… Je ne le cache pas, j’ai toujours été quelqu’un de sensible, bien plus sensible que les autres membres de la fratrie. La séparation avec mes parents étaient douloureuses, les plaisanteries de mes frères genre on t’a trouvé dans une poubelle me faisaient mal à un point même si je savais que c’était pas vrai, je me sentais bien souvent différente des autres. Mais j’ai toujours bataillé dur pour avancer, j’ai toujours voulu me préserver un minimum alors je me suis forgée une carapace et c’est ce qui m’a toujours permis d’avancer dans la vie, quoi qu’il se passait même si ce n’était jamais évident. Je gardais beaucoup pour moi, je faisais la dure devant les gens et avec mon mètre 80 depuis l’adolescence c’était plutôt facile à vrai dire, une carapace que je n’avais pas conscience d’avoir créée. Beaucoup de gens me disent inabordable, que j’impressionne. Et pourtant j’ai l’impression d’être tout l’inverse de cela. J’ai l’impression d’être une crème de chez crème, d’être hyper accessible mais non, des gens qui me connaissent depuis toujours me disent que je suis pas facile à approcher, que je suis sur la réserve…
Ma mère m’expliquait que déjà tout bébé, j’observais le monde bien plus que les autres membres qui composent notre tribu fraternelle, je pouvais scruter des gens avec un regard perçant que j’ai gardé semble t il. J’observe les gens, leurs réactions, j’observe le monde qui m’entoure, j »écoute les bruits je reconnais des odeurs que j’ai pu sentir 20 ans auparavant, je suis très très attentive, très (trop?) sensible. Mes émotions fluctuent beaucoup et encore plus avec ce stress post-traumatique ou j’ai l’impression d’avoir fait éclater ma carapace mais les personnes qui me suivent actuellement me disent que j’ai une énorme carapace à faire éclater. Pourtant j’ai l’impression qu’on lit en moi comme dans un livre ouvert, j’ai l’impression que mes fluctuations d’humeurs se voient, qu’elles veulent tout dire et pourtant… Mes émotions font le grand huit, je peux rire et peu de temps après pleurer, être en joie ou en colère (souvent contre moi d’ailleurs). Je suis bien souvent incapable d’expliquer à l’instant T ce qu’il se passe, j’ai besoin que cette émotion passe afin que je puisse mettre des mots dessus. Je pense que ça doit être hyper déstabilisant pour mon entourage, même s’ils savent décoder en moi quelques signes à force… Je me suis éloignée de gens, pour qui cette hypersensibilité était incompréhensible, j’avais le droit à des réflexions sans arrête sur mes émotions positives ou négatives, je m’éloigne de personnes qui me sont néfastes, il y a toujours ces donneurs de leçons qui pensent tout savoir sur tout et cela me fatigue à la longue. Alors un jour je décide de me séparer de ces gens, mais là aussi mon hypersensibilité revient me jouer des tours, je cogite pas mal là dessus, sur ces gens, je m’en veux souvent de les « abandonner » au bord du chemin, j’ai de la compassion pour ces personnes là qui me sont pourtant néfastes, j’essaie toujours de leur trouver des circonstances atténuantes pour essayer de passer à autre chose, d’avancer… Et pourtant ça me revient en pleine face régulièrement tel un boomerang.
Je suis partie des réseaux sociaux car je prenais tout de pleine face, j’étais une vraie éponge, je voyais le bonheur des uns, le malheur des autres, ça me faisait faire des ascenseurs émotionnels sans arrêt, un peu comme un avion qui fait des loopings. Je lisais trop de mauvaises nouvelles, j’y voyais beaucoup trop d’hypocrisie, je te caresse par devant et par derrière je te crache on venin dessus alors non ça je ne pouvais pas admettre. Il m’aura fallu encaisser une séparation étalée (par ma faute aussi) sur les réseaux sociaux pour que je prenne conscience de tout cela et de le voir agir exactement avec elle comme il agissait du temps où il se disait hyper amoureux. J’ai encaissé, j’ai passé des heures et des heures à pleurer devant tout cela, j’ai eu mal à en crever alors j’ai compris que les réseaux sociaux pouvaient être super destructeurs pour des âmes hypersensibles comme moi. Je me faisais la réflexion hier, à un moment je faisais partie des 100 premières influenceuses françaises de Twitter, on m’a félicité plein de fois et pourtant ça ne me faisait pas vraiment plaisir, je n’avais pas cherché cela. Mon égo a plus été gonflé par les autres que par moi même on va dire. J’ai pris du recul sur tout ça et je me dis heureusement. J’ai tellement trouvé ça superficiel. J’ai été bien souvent touché trop touchée par des histoires qui ne devaient pas me concerner directement, des moqueries sur telle ou telle personne, des mauvaises nouvelles, tout un tas de choses qui a fait que les réseaux sociaux sont vraiment pas faits pour moi. J’ai été bienveillante très souvent, j’ai eu de la compassion avec des gens, ça m’a desservi et pourtant je suis comme je suis si c’était à refaire je referais sans doute. Il y a juste instagram où je reste car c’est plus du visuel, j’essaie de séparer l’émotionnel du visuel, parfois ça marche un peu donc pour le moment j’y reste, peut-être qu’un jour je n’arriverais plus à dissocier les choses et je partirais aussi de cet endroit que j’aime tant à l »heure actuelle.
Aujourd’hui avec toute cette hypersensibilité j’ai du mal à croire en l’humain, j’ai du mal à faire confiance, Je suis un vrai radar pour reconnaitre des gens hypocrites, les mensonges ne passent pas du tout avec moi, je sais que je peux avoir les nerfs en pelote à cause de cela. Et au milieu de tout ça, je peux arriver à pleurer en quelques secondes par 1001 nouvelles par jour, ne pas arriver à tourner la page tellement qu’un truc peut te ronger de l’intérieur même si tu fais celle qui a encaissé. Je peux me faire une montagne d’un petit rien, je peux en ressentir des angoisses, je peux éprouver des signes physiques, je ne gère pas mes émotions. On me dit que mon hypersensibilité c’est un manque de confiance en moi, un héritage de ma construction durant mon enfance de mon adolescence, une construction où je n’ai pas été sécure. Aujourd’hui cette hypersensibilité me fait ne pas me sentir en sécurité dans les endroits, avec les gens tout me revient à la figure en permanence comme un train que je me prends de plein fouet. C’est comme ça, cette hypersensibilité est bien souvent ma pire ennemie mais elle est aussi une source de joie indescriptible parfois, un petit bonheur peut me rendre dans une telle joie, que les gens aussi ne comprennent pas, une naissance, une réussite d’examens peut me rendre limite euphorique, et même si mon hypersensibilité me joue des tours pas toujours drôles, que ça peut me faire rentrer dans une grande tristesse dans une grande colère aussi parfois, que j’ai besoin d’éclater, ces petits moments de joie qui sont extrapolés pour beaucoup de gens me font dire que cette hypersensibilité n’est pas là tout à fait par hasard, qu’elle me permet aussi de vivre des moments de joie intense que peu de gens connaissent ça, surtout pas pour ce que les gens pourraient appeler « des broutilles ». Mon hypersensibilité est dure à vivre très très souvent, mais heureusement aussi qu’elle me fait de jolies cadeaux où les petits bonheurs pour beaucoup deviennent des énormes bonheurs pour moi et rien que de penser à cela je me dis que c’est quand même une chance que de posséder cette hypersensibilité. Il faudrait juste que j’arrive à mieux gérer mes émotions, j’y travaille…
Je te comprends tellement Maud… Hypersensible, introvertie, un peu « asociale » parfois, on se ressemble beaucoup!!
Je pense cependant que mon hypersensibilité est moins marquée que la tienne. Je la trouve aussi très dure, parfois, dans les moments difficiles mais, comme tu le dis, les beaux moments sont aussi tellement plus beaux grâce à elle… Le plus dur, dans tout ça, c’est l’incompréhension des autres. Sinon, elle serait tellement plus facile à vivre. Et travailler sur ses émotions, c’est une très bonne idée, moi-même je m’y attelle aussi 🙂
Je te souhaite une très belle journée!!
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merci ma belle, en effet l’incompréhension des autres est parfois terrible, j’ai parfois l’impression d’être une extra-terrestre….
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C’est tellement ça Maud.
Tout prend des proportions parfois difficilement gérables. C’est une des raisons de mon retrait des réseaux sociaux aussi, de mon désir de ne plus regarder les informations par exemple, tout me faisait vaciller.
J’ai eu des années où je détestais cette part de moi. Et puis un jour une personne m’a dit que c’était une chance! Alors j’ai commencé à appréhender les choses, le monde, moi, différemment. Pas toujours simple surtout dans le monde actuel. Je crois que plus on se regarde avec indulgence, bienveillance, plus notre hypersensibilité devient un trésor!
Belle journée
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je regarde le monde avec bienveillance mais c est vrai que quand on a mal ça prend aux tripes puissance 1000000 même si on avance on aimerait pouvoir crier notre douleur au monde mais moi je ne le fais pas (ou par écrit ici)…. J’aimerais que les gens qui m’ont fait du mal comprennent ce qu’ils m’ont fait, à quel point j’ai pu en souffrir, à quel point je peux encore en souffrir, une fois que les choses sont posées et expliquées en général ça va mieux car les gens comprennent après bien souvent de longues explication et ça apaise un peu ma douleur.
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Je ne sais pas si tous les gens peuvent comprendre Maud. J’en parlais avec une amie ce weekend justement. Chacun a sa sensibilité et chacun voit à son niveau. Il faut être très empathe pour imaginer ce que l’autre peut vivre et à quel point telle ou telle action peut le faire souffrir…enfin c’est mon avis et mon expérience. Pour ma part, j’ai longtemps souhaité que les gens comprennent, aujourd’hui j’apprends à me libérer seule de cette souffrance…
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tu as surement raison, je dois trop croire au monde des bisounours.
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C’est difficile d’accepter que les autres soient différents, même si on le sait…
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non ne fait ce que j’ai du mal à accepter c’est moi d’être différente des autres…. J’ai l’impression que bcp de gens sont pareils et que moi je sors de ce moule là.
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Il y a beaucoup d’hypersensibles aussi Maud…sauf que peu en parlent parce que ces personnes se sentent en marge. Alors que nous sommes tous différents et que chaque différente est une chance ou devrait être vue comme telle. Ta sensibilité t’offre accès à un monde que peu voient…
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je sais…… mais c est sur que pour bcp l’hyper sensibilité est souvent comme un défaut ce que je crois aussi parfois et quand je vois aussi les bonheurs qui sont ressentis x10000 je me dis que j’ai de la chance ……. mais y a des fois où l’image qu’on nous renvoie n’est pas très glamour….
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Hello,
Je ne crois pas que cela soit du à notre histoire mais que nous sommes nés comme cela. Je crois aussi que c’est effectivement dur à vivre dans notre monde où la plupart paraissent anesthésiés (et nous, à vif) mais je suis persuadée que cela peut aussi devenir une force (de toute façon bien obligé de faire avec !). Donc perso je dis haut et fort que je ne vais pas passer ma vie à me cacher, à faire semblant d’être « comme tout le monde ». Je préfère être comme je suis et souffrir parfois car je ne cadenasse pas toutes mes émotions, parce que j’aide, je compatis, quitte à me faire avoir plutôt que tout verrouiller et ne rien vivre. C’est une philosophie qui vient avec l’âge car il faut aussi apprendre à se protéger et se ressourcer pour pouvoir ensuite donner mais j’ai décidé que je préferais vivre écorchée vive, me sentir vivante plutôt que sans cesse parer au coup et passer à côté des belles opportunités par peur ou autre (cf. notamment https://www.ca-se-saurait.fr/2016/03/31/que-repondre-a-ceux-qui-vous-traitent-de-bisounours/).
🙂
PS : Ton hypersensibilité psychique est-t-elle couplée à une hypersensibilité physique ? (le phénomène m’intéresse depuis longtemps car je le vis aussi, (cf. https://www.ca-se-saurait.fr/2013/01/04/vis-ma-vie-dhypersensible-physique/)
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je pense qu’il y a vraiment un facteur du comment on a été élevés en plus du fait de naitre plus sensible… Car quand on nait sensible je pense qu’il faut être plus présent/ attentif avec un enfant qui ne se sent pas sécurisé…. Enfin c est mon avis.
Je ne me cache en rien mais j’ai choisi aussi de m éloigner de certains trucs/ certaines personnes pour convenance personnelle dirons nous. Aujourd’hui je vis des choses particulières à cause d’un stress post traumatiques donc c est encore bien différent.
Oui je crois que j’ai une hypersensibilité physique… (même si je vois de plus en plus comme une taupe aucun détail ne m’échappe). Petite anecdote quand j’ai accouché de ma fille j’avais épluché et émincé un oignon la veille, et bien crois moi en salle d accouchement je n’arrêtais de sentir mes mains en disant ça pue l’oignon et que j’ai fait sentir à ma soeur, à ma mère à la sage-femme qui me disait mais non….. moi je sentais l’odeur persistante d’oignon sur mes mains et ça me donnait la nausée….
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Merci pour ton article. Etre hypersensible est malheureusement vu comme être faible, alors que je dirai que cette hyper sensibilité est une chance, une richesse à ne pas négliger. C’est comme une ressource que les autres ne possèdent pas et qui nous rend ouvert sur la vie, l’amour, la joie. Une sorte d’hyper conscience. Bien sûr cela peut nous faire souffrir parfois mais c’est aussi dans l’adversité, dans la peur que l’on en ressort plus fort, plus intense. Bravo pour ton courage, ce n’est pas toujours évident de se livrer et tu l’as fait avec talent !
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merci beaucoup Lydie, oui c’est une richesse qui peut faire mal, très mal….
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Bonjour Maud,
Merci pour votre article . Beaucoup se reconnaîtront et rien que d’en parler , cela fait avancer la réflexion des uns et des autres. L’hypersensibilité , c’est une richesse, tous les artistes/humanistes le diront . Ils ont d’ailleurs le petit « je ne sais quoi » qui fait qu’on les adore. Ils sont dans le vrai , dans l’humain . L’hypersensible est un grand créatif , car il est obligé d’inventer sa vie , de faire autrement car il sait qu’il ressent les choses différemment. Déjà savoir comment on réagit soi-même à certaines situations et comprendre pourquoi , cela permet d’être plus fort. Cela fait aussi partie d’une intelligence , celle des émotions qui n’est pas donnée à tout le monde . Les gens en face s’ils ne comprennent pas, il faut les éviter à tout prix , les ignorer comme eux ignorent nos propres émotions . Nous ne réagissons pas de la même manière avec un enfant autiste qu’avec un enfant non autiste . C’est une évidence . Avec un hypersensible , c’est moins évident car ce n’est à priori pas un « handicap » visible . Je suis maman et j’ai un enfant hypersensible( 7 ans). Il m’a aidée à me comprendre moi-même , peut-être aussi hypersensible . Je le pense mais je n’en suis pas sûre . A ses côtés , j’apprends et je me/le comprends. Rien n’est simple mais c’est tellement riche nos discussions . Quand je le regarde grandir , je me dis quelle chance notre société va avoir , car il a plein d’idées pour le futur et surtout plus pour les autres que pour lui-même , toujours soucieux que les autres aillent bien . Beaucoup d’altruisme , belle qualité qui est rare dans notre société qui prône le chacun pour soi. Les mots , les actes ne sont jamais anodins pour un hypersensible . Souvent on n’arrive pas à réagir dans l’immédiat à une situation car l’émotion prend le dessus . Bonne ou mauvaise réaction ??? Pas grave , l’important c’est de ne pas subir la situation et qu’importe la réaction que nous adoptons , quelquefois il ne faut pas se laisser
faire . Elle est là notre résistance , notre façon d’exister . Tant pis pour les autres qui ne veulent pas comprendre . On pourrait aussi créer une catégorie pour les gens insensibles aux autres . Ce ne serait pas très glorieux pour eux . Passons , ce serait une perte de temps .
Sincères amitiés et continuer à être ce que vous êtes .
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