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Le syndrome du stress post-traumatique, mon évolution.

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Voilà presque 21 mois que j’ai eu cet accident qui m’a foutue en l’air ces derniers mois.  Je ne parle plus trop de ça sur le blog car je n’ai pas envie de ressasser cela en permanence, je veux avancer et j’avance plutôt pas mal. Il faut se rappeler que le 29/8/17 j’ai eu un accident de voiture, une descente aux enfers pendant 1 mois 1/2 avec des douleurs une certaine anxiété qui grandissait mais que je refoulais, une hospitalisation en octobre 2017 à la suite d’évanouissements qui restent inexpliqués aujourd’hui. Et ce fut la descente vertigineuse aux enfers. Des crises d’angoisse à répétition, j’ai atteint jusqu’à une vingtaine de crises par jour, j’avais peur de mourir en permanence, peur de rester seule, peur de sortir seule, peur de manger, peur de dormir, peur de l’autre, peur de la rue, peur de chez moi, en fait j’étais bien nulle part, je n’arrivais pas à m’accorder un vrai moment de bien être.

Au fil des semaines je me suis isolée, je ne m’alimentais plus vraiment, j’ai perdu le peu de confiance que j’avais en moi. Puis il y a eu THE CRISE…. Un jour alors que je passais mes journées dans la voiture de ma mère qui faisait ses tournées de boulot (paradoxalement j’avais eu l’accident avec elle et c’est avec elle que j’étais toute la journée dans sa voiture car impossible de rester seule chez moi), elle a dû aller au tribunal pour accompagner une personne dont elle s’occupait, je me suis retrouvée seule dans sa voiture à 3 rues du tribunal sur une grande avenue, beaucoup de gens passaient, beaucoup de voiture, l’agitation de la ville, en quelques secondes l’angoisse est montée et ce fut sans doute la pire jamais ressentie, j’ai dû ouvrir la fenêtre de la voiture, interpeller un monsieur qui a appelé les pompiers. On était vers le 20 novembre 2017, les pompiers sont arrivés et ont été très à l’écoute, le hasard a voulu que ce soit les mêmes pompiers qui ont assurés mon transfert à l’hôpital durant mon accident et qui en plus étaient les animateurs de la section de Jeunes Sapeurs Pompiers où mon fils se trouvait. Ils ont été là, rassurants, je savais ce que j’avais je ne me leurrais pas mais la crise était si violente que j’ai cru trépasser.  C’est là qu’on a parlé de cohésion cardiaque et puis un des pompier m’a dit il faut parler, vider cette angoisse. Ça a résonné en moi toute la journée, en rentrant chez moi en fin d’après midi j’ai appelé un psychologue qui n’était pas loin de chez moi, j’ai tout expliqué au téléphone très synthétiquement, j’ai vidé une partie de mon sac en pleurant il m’a proposé un rendez-vous une semaine plus tard, chez moi. C’était sans doute une première victoire sur ce qu’il m’arrivait, j’ai su appeler quelqu’un. Les mois suivants j’ai vu mon psychologue, j’en ai appris sur moi, j’ai vu que cette peur était liée à l’accident et celle de mourir mais aussi liée à plein de choses de ma construction, de ma vie d’enfant puis d’adulte. L’être humain fait souvent des liaisons entre un élément déclencheur et d’autres choses avant. J’ai continué à passer mes journées dans la voiture de ma mère, incapable de rester seule chez moi, tout ça m’angoissait. J’ai parlé, pleuré, j’ai eu quelques personnes qui sont venues se souder autour de moi, ces personnes étaient mes béquilles, il y a eu la rencontre avec Christophe qui lui aussi a été (et est encore un vrai soutien), au fil des mois, accompagnée j’ai pu rentrer dans les magasins puis accompagnée jusqu’à la porte j’ai pu faire quelques courses seule dans des magasins de proximité Mais rester seule était encore trop compliqué. La rentrée de septembre 2019  je n’ai plus voulu aller dans la voiture de ma mère, j’ai fédéré une petite armée protectrice autour de moi, des gens qui pouvaient passer, ne pas me laisser durant une journée complète seule chez moi, face à moi et mes angoisses.

Au fil du temps on a parlé avec mon psychiatre, on a évoqué plusieurs choses possibles dont l’hospitalisation à domicile, j’ai digéré cela pendant quelques semaines, j’ai rencontré en une semaine d’écart les personnes de l’hospitalisation à domicile, d’abord un infirmier et le psychologue, et ensuite la psychiatre et l’infirmier. Au bout du second entretien, le sur-lendemain je commençais l’hospitalisation à domicile. Ça a commencé fin janvier 2019, deux visites par jour, une équipe pluridisciplinaire est venue chez moi, 2 infirmiers 1 psychologue, 1 psychiatre. 2 visites par jour,  du lundi au vendredi et qui reste joignable H24 , j’ai mis beaucoup de temps à m’approprier les soins proposés, j’avais du mal à faire péter ma carapace, jusqu’au jour où à la suite d’un énième coup du sort ma machine à laver le linge est tombée en panne et n’ayant pas les moyens d’en racheter une, j’en avais gros, j’ai pris sur moi toute la soirée et quand mon infirmière est arrivée le lendemain elle a vu que quelque chose n’allait pas, j’avais sans doute baissé les armes, j’ai pleuré, j’ai lâché le morceau, je ne me cachais plus sous celle qui faisait semblant d’aller bien, qui ne lâchait pas un mot pour dire que ça n’allait pas. À partir de ce moment j’ai pu dire ce que je vivais au fond de moi, ce que je ressentais, il me restait un mois pour le faire, l’HAD avait une durée de 2 mois, j’ai appris à parler, à me livrer, à me libérer, à me rassurer sur des périodes longues en journée. J’ai compris des choses sur moi, sur ce que j’avais vécu, sur l’accident. Depuis fin mars l’HAD est terminée, j’en ai pas parlé sur le blog avant car j’avais besoin de garder ce moment pour moi, me l’approprier complètement. Et puis si aujourd’hui j’en parle c’est pour dire à quel point ils m’ont fait du bien (malgré les larmes), à quel point je suis reconnaissante envers cette équipe qui m’a fait avancer.

Aujourd’hui grâce à l’HAD je peux rester seule chez moi durant les journées, c’est une vraie victoire, quand je sors  de chez moi c’est pas encore seule mais j’y travaille, un relais a été mis en place avec le CMP, je vois un psychiatre une fois toutes les 6 semaines, une infirmiere passe chez moi une fois par semaine (en fait elles sont deux mais une à la fois), on commence à travailler sur mes objectifs de sortir seule comme avant de retrouver mon autonomie. Aussi bien le psychiatre que les infirmières sont sympathiques, le travail commence tout juste avec eux mais je n’arrive pas encore à libérer la parole, je continue de voir mon psychologue qui lui est là depuis le début, j’ai vu une reflexologue plantaire qui m’a fait du bien, elle a su me libérer de  certains de mes maux liés à l’angoisse, j’ai aussi vu un ostéopathe (celui de ma crise de mal de dos il ya quelques semaines mais aussi mon ami Christian qui a été aussi à l’écoute pendant de longues séances). Je me suis libérée de certaines personnes, de certaines souffrances elles sont encore nombreuses, les fantômes restent présents, je dois m’en libérer aussi, il y a une lettre que je dois écrire mais je repousse l’échéance.

Aujourd’hui je remarche beaucoup, j’écris, j’écris plus que jamais, je reprends tout doucement le goût de vivre car même si je n’ai pas voulu me foutre en l’air ce fut terriblement difficile d’accepter mon état, je commence à faire le deuil de certaines choses, certaines relations. Le psychiatre du service mobile m’a prescrit des anti-dépresseurs qui sont spécialisés dans le trouble du stress post traumatique (j’ai la dose minimale), mais aussi des anxiolytiques mais comme je lui ai expliqué la crise passe avant que le médicament fasse effet alors j’ai fait une croix dessus il m’a juste dit de le garder en cas de crise insurmontable sur moi et que ça e peut aussi me rassurer.  J’apprivoise petit à petit les sensations que j’ai quand je suis dehors, je sais que je ne vais pas crever quand je fais une croise d’angoisse. J’ai appris durant ces presque 21 mois à faire du tri, j’ai cru devenir folle un bon millier de fois et comme me dit le psychiatre tant que vous vous posez cette question et que vous avez la lucidité que vous êtes en souffrance vous n’êtes pas folle, faire appel à quelqu’un quand on ne va pas bien prouve qu’on veut s’en sortir et il n’y a aucune honte à avoir. Je ne me sens pas supérieure aux autres, je n’ai pas ce besoin de me mettre en avant sans arrêt, mais j’apprends aussi à ne plus me laisser marcher sur les pieds, on m’a aidé à cela et j’ai pu déposer plainte pour des faits qui sont allés beaucoup trop loin et j’ai été entendue maintenant je laisse la justice faire. En plus de marcher et écrire je fais de la méditation chaque jour quand je suis seule, je m’approprie mon corps petit à petit, je fais des exercices qui semblent faciles pour les gens comme de faire 200 mètres seule dans la rue, me confronter au monde. Rien n’est simple mais j’arrive tout doucement à surmonter de plus en plus de choses et c’est cela que je veux/dois voir pas que les choses que je n’arrive encore pas.  Je souris à la vie chaque jour, je profite d’elle, de ce qu’elle m’apporte, je note chaque soir les petits bonheurs de la journée, je reste positive. Je retourne à l’église j’y suis allée à la vigile pascale durant plus de 4h de messe, un mois avant ça me semblait impossible. Je suis entourée par des gens formidables. J’arrive un peu à lâcher prise, je me calme un peu, l’hyperactivité que j’avais pour être sure que je n’étais pas en train de mourir à chaque instant s’éloigne un peu de moi. J’ai cette chance de n’avoir aucune addiction à l’alcool, à la drogue, au tabac ou autre. Le psychiatre me disait que c’était très souvent le cas car les gens ainsi pensaient moins à leurs angoisses, moi je ne bois pas une goutte d’alcool, jamais de drogue, je ne fume plus du tout depuis 17 ans presque mais je sais que si j’avais été sensible à cela j’aurais pu tomber dedans.

J’ai encore plein de phobies comme celle de mourir étouffée après avoir mangé quelque chose à laquelle je suis allergique qui est cachée quand cela m’arrive je bois une verre d’eau pour me rassurer que tout passe bien encore, je fais des exercices de sophrologie, je mange un chewing-gum. J’ai un petit anti-stress dans ma poche que triture 1000 fois par jour, C’est un lourd combat au quotidien le syndrome du stress post traumatique, c’est pire que les crises d’anxiété que j’ai eu quelques fois mais que je gérais,  c’est long, mais il ne faut pas perdre espoir, il faut s’accrocher aux pas faits et pas à ceux qui sont à faire pour ne pas perdre l’espoir.  Je fais les exercices que le psychiatre m’a dit de faire,  si je fais des vide-greniers c’est pas seulement pour trouver des pépites mais c’est aussi mon moyen à moi de me confronter à des lieux inconnus, aux gens. Je suis aussi à la recherche de mon nouvel appartement.

Si j’ai écrit ce billet c’est pour ceux qui vivent une telle situation pour dire qu’ils ne sont pas seuls, qu’il faut oser en parler, qu’il faut s’accrocher aux progrès mais aussi aux petits bonheurs, qu’il faut s’entourer de bonnes personnes et rayer les personnes toxiques, de se laisser le temps de guérison, de faire un pas à la fois ça ne sert à rien de se mettre une pression d’enfer, ça ne fait qu’agrandir le sentiment de culpabilité d’être ainsi. Que prendre le dessus sur toutes les sensations désagréables qu’on a dans le corps ça ne se fait pas en un claquement de doigts, qu’on peut voir différentes personnes pour nous aider, il ne faut pas avoir honte. Jusqu’à maintenant j’avais juste eu le courage d écrire en superficie ce qu’il m’arrivait, aujourd’hui c’est plus en profondeur, pour qu’on comprenne aussi ma souffrance mais la souffrance en général, que nous ne sommes personne pour juger la souffrance des autres, qu’on peut tendre une main à une personne en souffrance sans risquer d’attraper quelque chose de grave. Je chasse le négatif au maximum et si parfois il revient au galop je parle, je dis les choses, je dis que ça ne va pas, j’explique ce qu’il se passe dans ma tête, dans mon corps et en général c’est assez bien compris car j’ai appris à m’entourer que de bonnes personnes. Je peux dire aujourd’hui que je suis fière de moi d’avoir su appeler au secours, des pas effectués, que le positif appelle le positif, je me remaquille chaque jour depuis une dizaine de jours, je mets de la couleur dans ma vie,  je m’éloigne de tout ce qui m’apporte du négatif (situation, personnes), j’ai des projets plein la tête. Je vais continuer d’avancer, de marcher, d’écrire , de méditer, de m’ouvrir aux autres,  de prendre le dessus et en plus me laisser guider par les signes physiques de l’angoisse. Je sais comme c’est usant pour soi, surtout quand on veut faire semblant d’aller bien pour les autres, que c’est une véritable guerre que je mène chaque instant et que ça porte ses fruits.  Personne n’est à l’abri de tels soucis, un syndrome de stress post traumatique peut arriver après des évènements pas très drôles dans une vie, l’être humain a de profondes ressources pour rebondir ce qu’on appelle la résilience et un jour on a juste besoin d’aide pour rebondir, je n’ai pas honte de la personne que je suis alors si vous êtes une personne en souffrance n’ayez jamais honte de vous, sachez que non vous n’êtes pas seul/seule et choisissez de parler de votre souffrance comme je l’ai fait pendant 1 mois 1/2 après mon accident….

Je veux juste finir ce billet en remerciant (on est dans la période du festival de Cannes alors ça le fait 🙂 ) mes enfants qui malgré que j’essaie de gérer au mieux, de ne pas leur montrer savent lire en moi, Sabine pour son soutien indiscutable, le personnel soignant  que j’ai pu rencontrer  ça m’a permis d’avancer car même si ça n’est pas passé avec une seule personne j’ai pu oser le dire et j’ai eu la chance de pouvoir changer, j’ai une reconnaissance infinie envers eux et en particulier l’HAD qui grâce à eux j’ai pu reprendre des journées seule chez moi , ne pas rester seule face à moi même c’est ce qui m’invalidait le plus, à Meryem qui est là pour le pire et le meilleur de mes matins. Aussi à certaines personnes qui viennent me lire ici qui ont une vraie bienveillance, une pensée particulière pour Séverine et Anne-Laure. Merci à Christophe aussi pour tout. Merci à ces personnes qui ne jugent pas, mais aussi un grand merci à celles qui se croient supérieures car j’ai appris à me renforcer grâce à elles et oser aller au bout d’une plainte. Merci à mon frère B, je te suis reconnaissante un million de fois ces derniers mois pour un tas de choses que tu ignores sûrement, ma famille de coeur de Saint Nizier qui ont su me prendre dans leurs bras quand j’y suis allée et ça m’a fait un bien fou. Merci aussi à  Sophie pour nos moment chez Tipico (et merci Ale et Simone qui savent me faire sourire dans les jours plus sombres) ces personnes qui savent me redonner le goût des plaisirs de la vie (elles sauront se reconnaître sans doute enfin je l’espère) et je n’oublie pas ma Sonia qui est là toujours là….

8 réflexions au sujet de “Le syndrome du stress post-traumatique, mon évolution.”

  1. Félicitations pour ce texte, il est clair que ça ne doit pas être évident de dévoiler à « tout le monde » ce côté sombre de toi.
    Même si j’étais loin d’être dans ta situation, je me suis rendue compte il y a peu que j’ai été dans une sorte de dépression pendant quelques mois/années, je n’étais pas heureuse (même si objectivement j’avais limite tout pour) sans vouloir me l’avouer. J’en suis sortie aujourd’hui et c’est à ce moment-là que tu te rends compte à quel point tu as pu être très bas…
    Donc je te souhaite encore une fois tout plein de courage sur ta voie de la guérison 🙂

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  2. Wahou
    Sacré texte et criant de vérité….
    Continu tu es sur le bon chemin ….
    A mon tour… vais retourner voire psychologue parce que là c’est de nouveau l’ascenseur émotionnel et les angoisses le retour….
    Enfin bref

    Gros bisous de soutient d’amour et suisse

    Aimé par 1 personne

  3. Un beau bilan qui me rappelle mes propres souvenirs. Avec une super prise en charge c’est sur mais c’est toi qui as fait le travail et tu as oublié un merci, c’est le merci à toi même d’avoir eu le courage de faire cet immense travail.
    Belle soirée, bises

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