Moi et rien d'autre

J’aime pas me comparer aux autres….

En fait quand je dis, je suis comme ça ou comme ça, ce n’est pas en me comparant aux autres, je déteste ça, je sais que je suis comme ça, car je le vois qui je suis et surtout on me le fait remarquer. Par exemple je sais que j’ai 1001 tocs, je sais que je vais trier mes bonbons par couleur par exemple, que chez moi mes placards sont étiquetés pour que chaque chose soit remise à sa place, si ce n’est pas le cas ça peut me mettre mal, mais vraiment mal et ce n’est pas en me comparant aux autres ou en disant moi je suis comme telle ou telle personne, je suis moi Maud 47 ans et des bananes, je suis pas là à me comparer aux autres.

En fait je n’aime pas me comparer aux autres, et je n’aime pas qu’on me compare aux autres ou que mêmes les autres se comparent à moi, nous sommes uniques et donc on est tous différents avec des similitudes plus ou moins évidentes. J’ai appris à essayer de me fondre dans la masse et pourtant ce n’est pas une chose facile pour moi, je vois les autres pas avoir les mêmes réactions que les miennes et est ce que je vais me comparer à eux? Non pas vraiment, en fait c’est acté pour moi, ils font comme ça, je fais comme ça point barre, parfois j’essaie de faire comme ces gens là pour passer inaperçue, déjà que je fais 1m80 alors passer inaperçue c’est difficile physiquement.

Si je n’aime pas qu’on me compare aux autres, c’est que pour beaucoup de gens c’est pour montrer mes différences, ma mère m’a souvent comparée à mes frères, tiens toi tu étais comme ça alors que tes frères étaient comme ça, tiens toi tu as fait ça très tard alors que tes frères ont fait ça à tel âge et cette comparaison a été souvent pour me montrer que j’étais différente de ma fratrie, moins ça ou plus ça, mais je l’ai toujours su pas besoin de me le dire, c’est ancré en moi, je suis différente d’eux et eux sont différents de moi et surement différents entre eux aussi même si c’est moins flagrant apparemment entre eux , qu’avec moi puisqu’on ne le fait pas remarquer et moi je ne compare pas mes frères ma soeur sur ce qu’ils sont, peut être montrer quelques ressemblances physiques tout au plus mais voilà ils sont uniques.

J’ai 3 enfants, 3 enfants qui sont uniques, je n’aime pas trop les comparer car chaque être humain a son mode de fonctionnement différent, son développement différent, ses atypicités ou typicités je pense. J’ai essayé de prendre mes enfants à part entière, pas les comparer les uns aux autres, faire en sorte qu’ils soient libres d’être eux sans les comparer les uns aux autres et pourtant il m’a fallu le faire malgré moi quand j’ai dit qu’il y avait des choses différentes chez mon tout petit, différente sur bien des points de vue sur tout un tas de choses, j’ai alerté les différents médecins vus et personne ne soupçonnait l’autisme de mon fils et pourtant moi j’en étais sure. Et là en fait ce n’était pas en le comparant avec son frère ou sa soeur, mais par rapport à moi qui me retrouvait beaucoup plus en lui qu’avec mes 2 aînés ce qui n’enlève nullement une part d’amour pour eux, mais les 2 grands j’ai dû m’adapter à tellement de choses alors qu’avec mon dernier tout était si fluide. Mais quand on m’a parlé de dyspraxie en CP pour Paolo il a fallu me rendre à l’évidence, le comparer aux autres, son niveau d’évolution de sa motricité fine et que ça faisait des années que je disais qu’il n’arrivait pas à effectuer telle ou telle tâche et qu’on me répétait il est fainéant, vous le couvez trop et que sais je encore. Evidemment en CP la maitresse a comparé l’avancement de Paolo dans le processus d’écriture c’est elle qui m’a orientée vers la piste de la Dyspraxie, alors que le médecin scolaire l’année d’avant m’avait pourrie la figure quand je disais il arrive pas à s’habiller seul etc, tout était de ma faute, j’étais ressortie de ce rendez-vous dans un état pas possible. Au fil des ans, des rdv avec différents soignants l’autisme de mon fils a été mis sur le devant de la scène et la dyspraxie de mon fils là, est une conséquence de son autisme. Bien entendu (j’allais mettre bien évidemment que comme ces vidéos virales qu’on voit sur le net qui me sortent par les trous de nez) on a comparé mon fils aux autres, on voudrait que tout le monde se ressemble, qu’on ne puisse pas faire de différence et pourtant il y a de fortes différences entre les gens et heureusement c’est ce qui fait de nous des humains à part entière, nous ne sommes ni des clones, ni des robots, nous sommes je le répète unique.

Alors oui parfois et je vais être cash, quand j’écris un billet pour parler de moi, ce que je ressens sur comme je suis parfois ça m’exaspère qu’on me dise moi je suis comme toi j’aime pas ci ou pas ça comme toi, ouais vous vous basez d’après quelques mots balancés par ci ou là et vous vous faites surement des films sur celle que je suis, vous ne me connaissez pas dans la vraie vie et j’ai du mal à comprendre comment vous pouvez vous comparer à moi qu’à travers une image que vous vous faites de moi (je suis cash je vous l’ai dit, j’écris comme je pense). Non bien sur je suis cash, mais je ne suis pas méchante mais pour moi c’est tellement abstrait une personne derrière son écran, surtout qu’on va pas dire qu’on me voit bcp en photo sur le net, qu’on me voit encore moins agir puisque je ne fais pas de vidéos me montrant etc. Mon cerveau ne comprend pas que quelqu’un puisse se comparer à moi et comme mon cerveau refuse de se comparer aux autres. Comme je l’ai dit nous sommes tous différents alors à quoi bon se comparer? Pour montrer que je suis plus grande que les autres filles? Pour montrer que je suis plus « gauche », que je ne suis pas douée par rapport aux gens pour faire ça ou plus douée pour faire ça? Je trouve tellement qu’on veut nous uniformiser et qu’en parallèle on devient de plus en plus individualiste dans notre monde. Donc non je ne vais pas me comparer à vous qui me lisez, car pour moi vous êtes uniques comme moi je le suis tout autant que vous. Oui évidemment des gens pourront dire telle et telle personne s’entendent bien car elles sont identiques pour ça ou par leur mode de fonctionnement et ce n’est pas totalement faux mais aussi pas totalement vrai. Moi par exemple même si mon fils et moi sommes particulièrement « semblables » sur tout un tas de choses sur notre typicité ou notre atypicité, on nous le fait beaucoup remarquer, aussi bien sur notre similarité de comportement mais aussi sur des traits physiques que nous avons lui et moi, alors oui quelque part j’aime quand on me dit qu’il me ressemble et pourtant à la fois il est si lui et je suis si moi, il a ses propres codes, j’ai les miens qui ont évolués au fil du temps car j’ai appris les codes sociaux à force de voir les gens faire telle ou telle chose que moi je ne faisais pas vraiment et qu’on me l’a fait remarquer alors j’ai appris à imiter cela mais ce n’est pas quelque chose de naturel pour moi. C’est pour cela que je n’aime pas me comparer aux autres car on ne connait jamais vraiment quelqu’un et j’espère que l’humain restera unique et qu’on arrêtera de vouloir tous nous faire devenir des moutons à se ressembler obligatoirement ou faire de nous une armée de gentils petits soldats obéissants.

Cultivez vos différences, moi je me fis de plus en plus du regard des autres, je suis comme je suis, psychorigide sur plein de trucs, intransigeante, angoissée, neuroatypique, solitaire et tellement d’autres choses encore. Je ne souhaite ni ressembler à mes frères et ma soeur, ni à mes parents, ni à qui que ce soit d’ailleurs et ça je l’ai compris trop tard, on a voulu toujours que je sois comme X ou Y, chez moi, dans mes relations et jusqu’au jour où j’ai vraiment compris à quel point nous les humains sommes uniques de part nos traits physiques ou de caractère, nos différences sont une véritable force je crois. J’espère n’avoir heurté personne car on me dit cash et je sais que je ne sais pas mettre de barrière, que tout me prend tellement dans les tripes quand je m’exprime que pour moi c’est pas possible de mentir et de mettre des trucs jolis pour faire plaisir. Je suis comme je suis, je suis qui je suis et pas envie de me changer pour devenir quelqu’un d’autre, juste essayer de m’adapter pour essayer de m’insérer dans une société où je ne me sens pas vraiment à ma place car on veut l’uniformiser et moi ça, ça ne passe pas toujours car je suis trop différente pour ça.

Je vais vous faire une confidence, en ce moment je suis souffrante, pas physiquement parlant en fait, mais voilà on me compare tellement avec les gens que je vois mes différences qui ne sont pas évidentes à gérer déjà sans qu’on me les fasse en plus remarquer. Alors oui je souffre de ce manque de me laisser libre d’être qui je suis, on veut m’enfermer dans une norme dans laquelle je ne suis pas forcément bien, même si j’apprends chaque jour à m’adapter du mieux et c’est épuisant, ça l’a toujours été d’ailleurs, c’est surement aussi pour ça que petite, je n’avais pas besoin d’avoir beaucoup de copines 1 ou 2 ça me suffisait, que plus c’était étouffant anxiogène, qu’adulte je n’ai pas d’amis à proprement parler. Je me questionne beaucoup par rapport à ce qu’on dit de moi, à ce qu’on pense de moi, à ce que moi je vois de moi et c’est aussi car trop de similitudes avec mon fils et qu’on me met souvent le nez dessus, avec des gens neuroatypiques qu’après des années de doutes et d’errance je fais des démarches pour me faire tester pour l’autisme, peut être ça m’expliquera tellement de choses et je ne serai plus en souffrance de devoir me fondre dans la masse quand je saurai peut être que c’est impossible à cause de mes différences. Les soignants de mon fils ont ouvert une brèche en moi, plutôt que des reproches comme tout le monde le faisait auparavant ils ont mis à jour certaines évidences, il faut que je sache sans aucun doute, car apparemment on prend le problème à l’envers sur tout un tas de choses qui me concernent en commençant par mes angoisses. Mais quoi qu’il en soit autiste ou pas, je continuerai à être, unique en mon genre (comme vous le serez pour moi), altruiste, remplie d’empathie (oui les autistes aussi sont souvent remplis d’empathie mais ne savent pas toujours bien faire, comme un autiste peut nouer des relations amicales et amoureuses, peut ne pas regarder dans les yeux ou à l’inverse trop regarder les gens. Sachez que vous êtes chacun et chacune une couleur bien définie pour moi, vous êtes des milliers de variantes de rose, de violet, de rouge, d’orange, de jaune, de noir, de bleu, de vert tous et toutes autant que vous êtes. Alors soyez vous, je vous apprécie car vous ne ressemblez qu’à vous même, comme mon chien ne ressemble qu’à lui, mes chats qu’à eux et que mes enfants sont tout aussi uniques comparables à personne d’autre. With (all my) love… ❤

Ps: Si on parle d’autisme pour moi ce n’est pas sur un coup de tête hein, ce sont les réflexions des gens au fil des décennies, ce sont mes relations aux autres, c’est mon hypersensibilité sur tout un tas de choses (le bruit, la lumière, les odeurs) depuis toute petite, mes routines, mes intérêts spécifiques (mes goûts prononcés pour des trucs), mes collections, l’attention aux détails, mes routines, la communication verbales (je parle trop vite, trop fort, trop d’une manière agressive apparemment <- même si j’essaie de faire des efforts en permanence on me fait souvent des remarques et j’en souffre terriblement), mes tics et mes tocs, mes troubles du sommeil, les matières que je peux toucher, celles que je ne peux pas, mes besoins d’isolement qui sont hors normes visiblement (ici on vit à plusieurs il m’est parfois impossible de manger avec eux, je fais à manger avec de la musique sur les oreilles et je ne parle à personne, je sers le repas et je vais dans ma chambre parfois ça peut durer longtemps quand je suis submergée par trop de choses), l’humour que je ne saisis pas toujours (je me suis engueulée l’autre jour avec mon coloc il a voulu faire de l’humour et je l’ai pris au premier degré), ma rigidité sur plein de choses (horaires <- si vous saviez si j’arrive avec une minute de retard dans quel état ça peut me mettre, respect du code de la route, des lois et j’en passe)… Bref apparemment j’ai tellement de signes de l’autisme…. Quoi qu’il en soit on me dit que c’est important pour moi et je crois que même si j’ai dit l’inverse pendant longtemps, je tends de plus en plus à penser comme ces gens qui relatent l’importance d’un diagnostique, au moins on sera fixé, j’ai peur de l’épuisement de tout ça, je sais pourquoi je m’embarque là-dedans (enfin plus ou moins) mais j’ai peur de l’épuisement lié à tout ça (horaires, organisation, interaction avec un/des personne(e) inconnue(s), qu’on puisse me toucher, le bruit, la lumière, l’incapacité à gérer l’imprévu etc etc etc…)

3 réflexions au sujet de “J’aime pas me comparer aux autres….”

  1. que j aime te lire…même si du coup ça me fait réfléchir

    moi ça m a aidé à vivre mieux et avec plus de légèreté quand les tests ont confirmé les troubles du spectre autistique de mon mari. Lui pas du tout, maos les enfants et moi on culpabilise moins, on avait souvent l impression d être les responsables de son mal être.

    je continue de réfléchir à ma liste de choses à faire…mais déjà samedi je pars à Venise puis dans les Pouilles et ça me réjouis tellement le cœur….

    je vais essayer de revenir ici avant fin avril et t écrire moi aussi ma liste.

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