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Celle qui ne savait pas parler

hurler en silence
Je suis celle qui ne sait pas parler. On m’a souvent reproché de ne pas dire les choses, de les garder au fond de moi (et voilà les premières larmes coulent). C’est vrai je ne suis pas quelqu’un qui s’exprime verbalement, et sans doute ça m’aurait fait du bien de parler, de pouvoir hurler ma douleur parfois. Mais en fait il n’en est rien, depuis gamine j’ai peur du jugement.
Alors j’écris, j’écris des tonnes de trucs pour m’exprimer. J’écris des lettres, j’écris sur un cahier, j’écris des mails, j’écris des messages, j’écris sur ce blog. Ça écrire je sais, enfin m’exprimer par écrit je sais faire, mais si je n’ai pas une syntaxe parfaite, un français irréprochable. Mais on arrive à me comprendre (enfin je crois, je l’espère).
Je suis cette personne qui est capable de rester des jours sans parler, sans voir quelqu’un, capable d’avoir ‘aucune communication orale avec qui que ce soit. Mais punaise qu’est ce que j’écris. J’écris pour m’exprimer sur un sujet particulier, j’écris pour prendre des nouvelles, j’écris pour dire que je ne vais pas trop bien du tout, j’écris pour demander quelque chose, j’écris pour dire à quelqu’un que je l’aime, j’écris pour qu’on me porte secours. Et même parfois ça je l’écris entre les lignes alors il faut savoir me lire, me comprendre, saisir chaque petit mot de faiblesse, au milieu de banalités.
En fait non je me rends compte que je ne sais pas vraiment m’exprimer par écrit, je navigue sur des eaux pas vraiment limpides. L’écriture est salvatrice souvent, mais j’aimerais avoir ce pouvoir de faire sortir des mots de ma bouche, de ne pas avoir peur de composer un numéro alors que ça ne va pas bien, que j’ai une demande à faire. Mais en fait, j’ai peur, peur de mon interlocuteur, peur qu’on m’envoie chier, peur d’un non, peur d’une réaction inappropriée par rapport à ma demande. Je suis encore totalement immature sur ce point là, je n’arrive pas à affronter le regard d’une personne en face de moi, je n’arrive pas à faire face à mes propres peurs, ni à mes fantômes.
Il faudrait que je grandisse, que je sois bien plus forte, que j’arrive à ne pas avoir peur de l’autre, à savoir affronter un regard, une paroles même si elle n’est pas en adéquation avec mes attentes. Il faudrait que j’arrive à m’exprimer autrement que par écrit, parfois j’ai rêvé que ma vie serait bien plus simple si j’étais muette, que je n’aurais pas à faire sortir ces sons de ma bouche, ces sons qui sont audibles et compréhensibles.
J’ai plus de faciliter à dire à quelqu’un que je l’aime par écrit, lui envoyer l’intensité de mes sentiments que d’essayer d’en faire sortir quelques bribes de mots depuis ma bouche. Mes cordes vocales, ma glotte fonctionnent parfaitement. Or quand je suis angoissée, émue, triste j’ai un son différent qui sort de ma bouche. C’est un son qui s’estompe par rapport à d’habitude, une voix bien moins forte, bien moins moi. Et pourtant je crois que cette voix, plus silencieuse (quelle drôle d’image une voix silencieuse) c’est vraiment moi, une voix écorchée comme je le suis, qui veut être le plus discrète possible car je suis une vraie timide. Je suis timide, ceux qui me connaissent disent c’est pas vrai, tu n’es pas timide. Mais ceux qui me connaissent vraiment bien, savent à quel point je suis timide, à quel point le regard de l’autre m’est gênant. Je suis cette fille qui ne sait pas parler, qui s’exprime donc par écrit, et souvent avec mon regard. Mais mon regard n’est donc pas assez limpide, pour dire aux gens que je les aime, qu’ils me manquent, que j’ai terriblement mal sans eux. Non mon regard est bien souvent trop plein de larmes, pour qu’on puisse lire en lui de manière claire.
Parler il faut néanmoins que je le fasse, avec cette psychothérapie que je viens de commencer, je sais que j’ai des tonnes de trucs à cracher, des trucs qui me font mal et dont je n’ai pas envie de parler car je ne sais pas faire, mais il va falloir que j’apprenne, pour que ça me mène sur le chemin de la guérison, une guérison intérieure dont j’ai besoin plus que jamais. Je sais que le fait de ne pas parler, me murer dans un silence bien trop douloureux est source de mes faiblesses (ou de mes forces diront certains). Sauf que s’emmurer dans un silence est pour moi, signe d’une défaillance technique de mon être, mon être bien si grand en taille, mais bien si cassé à l’intérieur. Il va falloir parler, parler pour recoller chacun des morceaux de ce qui est brisé, ça ne rendra jamais comme du neuf, mais au moins je pourrais dire je suis comme je suis et je ne suis personne d’autre, je ne suis pas les autres, je suis moi et heureuse d’être moi assez forte pour pouvoir te dire que je t’aime intensément, pouvoir vous demander quelque chose ou tout simplement vous dire plein de choses encore.

12 réflexions au sujet de “Celle qui ne savait pas parler”

  1. Tu m’as mis les larmes aux yeux Maud. Parce je ressens ton émotion, je ressens que tu as besoin de sortir tout ça. Et parce que je me retrouve dans ton texte.

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      1. Ne sois pas désolée, ça m’a touché ce que tu as écris.
        Oui c’est possible qu’on se ressemble sur pas mal de point. La difficulté à exprimer nos émotions à l’oral déjà. C’est pour ça que ça m’a autant touché.

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  2. Courage, je ne te connais pas – à part un petit peu à travers tes articles – mais tu as l’air d’être quelqu’un de bien, qui mérite (un minimum) le bonheur, donc je te souhaite que ta psychothérapie te réussisse et qu’elle te « délivre »… Même si ça va être long, bien sûr…

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  3. Puisque tu commences à cheminer, sache que tu vas très certainement t’ouvrir petit à petit 🙂 autorise-toi d’y aller millimètre par millimètre si tu veux y aller en douceur 🙂 le principal, c’est d’avancer. Je te souhaite une psychothérapie très fructueuse !

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  4. Bonjour,

    Je me retrouve tellement dans vos lignes…
    Je vous envoie plein de courage, je sais comme c’est difficile, combien certains pas peuvent coûter…
    Bien amicalement.

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  5. Mais si Maud on peut changer. J’étais comme toi et avec le travail ( sur soi ) et l’âge aussi on y arrive. Je sais que tu es une belle personne et tu dois avoir confiance en toi. Ouvre-toi…

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